c'est possible ?
J’ai un cerveau qui fonctionne en arborescence, une pensée complexe.
Il faut dire que la plupart des gens pensent de manière séquentielle et linéaire : une idée suit une autre idée qui suit une idée… Dans ma tête une idée amène dix nouvelles idées quasi simultanément qui chacune amène dix autres idées. En plus elles se croisent et font sans cesse des liens entre elles. Un vrai feux d’artifice, jour et nuit. Ça parait sympa dit comme ça et je sais aujourd’hui que ça peut être un véritable atout, une force. Cependant, ça n’a pas été le cas pendant les 45 premières années de ma vie.
Sans compter que je suis en plus hypersensible et j’ai les cinq sens très développés. C’est-à- dire que j’entends et je prête attention à tous les bruits tout le temps. Je suis sensible aux odeurs, etc.
Une des conséquences principales de tout ça est un sommeil très chaotique.
Lorsque quelqu’un me demandait si je dormais bien, je disais « oui ». Selon ma définition personnelle de l’époque, je dormais très bien. C’est-à- dire qu’il fallait que :
- je lise au moins une heure,
- surtout que je pose le livre et que j’éteigne la lumière dès que je sentais mes yeux se fermer. Le tout avant que la colonie de hamsters se mette en route dans les roues.
Non seulement, quand dix hamsters s’endormaient, il suffisait qu’un d’entre-eux dise : « Au fait, est-ce que j’ai bien fermé la porte ? ” Et c’était foutu pour au moins une heure.
Du coup, je repassais la soirée en revue. Cela me faisait penser que “j’avais oublié d’appeler Marie.” Apres cela j’anticipais la journée a venir : “D’ailleurs, demain je dois faire un gâteau, mais j’ai plus de farine ! donc il faut faire les courses.” Bien sûr je faisais ma liste de courses. Puis je scannais l’état de mon compte en banque, de surcroît je partais dans l’angoisse de me retrouver dans le rouge, je me voyais déjà ruinée. Ensuite j’angoissais parce que mon travail me plaisait moyennement et je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire de ma vie…. »
Vous vous demandez où est le lien avec la porte d’entrée ? Pour les Neurotypiques, aucun, pour les … (surefficients, surdoués, haut potentiel, zèbres… aucun de ses termes me convient !), disons les neuroatypiques comme moi, c’est évident !
C’est le drame de ma vie. J’anticipe tout, j’imagine tout, je pense tout le temps. Dans ma tête ça ne s’arrête jamais. On me disait souvent :
« Tu es trop émotive, trop sensible, trop affective, tu prends trop de choses à coeur… » bref tout était trop.
Ah j’oubliais, si jamais j’entendais un bruit dans la nuit, ou je sentais un mouvement, ou même une odeur (si, si, une odeur pouvait me réveiller !) c’était reparti pour une série d’au moins une heure de hamsters en colonie par douzaine.
Aujourd’hui, six ans plus tard, voici ma nouvelle définition de bien dormir : Je pose ma tête sur l’oreiller, j’éteins la lumière et trois secondes après je dors profondément. Si jamais un hamster pose une question, en quelques exercices de respiration de moins de dix secondes je déconnecte et je me réveille après huit heures de sommeil calme et tranquille.
Ça vous fait rêver ?
Non il n’y a pas de miracle ! pas de truc magique, pas de chimie puissante ! Je ne vais pas vous vendre une formation en ligne extraordinaire ou vous n’aurez rien à faire et qui fonctionnera à coup sûr pour la modique somme de …. ! Si on vous le propose, fuyez, ça n’existe pas ! C’est un long chemin, un travail sur soi, semé d’embûches et de découvertes. Il s’agit d’une compréhension de ce que je suis, de mon propre fonctionnement. J’ai appris à dompter mon cerveau et à l’utiliser dans le sens qui me va bien. J’ai décidé d’utiliser ces particularités comme une force et non comme un handicap.
Vous avez dit méditation ?
Une des choses qui m’a beaucoup aidée est la méditation ( ce n’est pas la seule). C’est pas un truc magique même si c’est très tendance aujourd’hui ! J’en avais beaucoup entendu parler, j’ai mis du temps avant de trouver comment faire. J’ai téléchargé une application (Zenfi, je ne suis pas sponsorisé mais quand quelque chose de bien existe, je le dis.)
En effet, je me souviens que la première séance découverte a été un vrai défi qui m’a occupée pendant une semaine. Dans les séances, Jean Doridot disait qu’il fallait se concentrer sur sa respiration, tu parles !
A cette époque, je tenais trois secondes avant qu’un hamster dise : « hé les gars, vous entendez le bruit d’oiseau dehors ? ». De temps en temps j’entendais de nouveau sa voix et je me demandais de quoi il parlait ! Il a dit à un moment : « si votre esprit s’échappe, ne le jugez pas, ne luttez pas, ramenez le simplement à…. ». Je crois que c’est ce qui m’a sauvée. C’était devenu un jeu !
Canaliser mon esprit vagabond sur mon corps, ma respiration, l’air qui entre et qui sort, les points d’appui, le scanne corporel, bref toutes les techniques de la mise en relaxation. Au début quand j’avais réussi à tenir cinq secondes (si si c’est très long cinq secondes) c’était la fête.
Au fil du temps, j’ai épuisé toutes les méditations de l’appli, la plupart du temps je m’endormais avant la fin. Alors je lançais l’appli dans mon lit…
Je me suis penchée ensuite sur les vidéos de méditations guidées de YouTube. Certaines sont très bien, d’autres moins… Par la suite j’ai lu beaucoup de livres qui traitent du sujet.
Mais encore ?
J’ai aussi fait une série de psychothérapies avec une psy qui faisait de l’hypnose. Ce que j’ai adoré le plus est le shiatsu. Après avoir testé des séances de sophrologie j’ai décidé de me former. Par la suite j’ai essayé beaucoup de techniques, notamment des soins énergétiques. Vu que j’ai écouté tellement de méditations et de séances d’hypnose, aujourd’hui je les crée moi même pour mes clients.
Nourrir son cerveau pour le canaliser.
Quand on a un cerveau comme le mien, il faut le nourrir, lui donner des défis, de quoi s’occuper. Du coup une méditation ça devient un jeu, un terrain de création. C’est un moyen de diriger son esprit dans la direction ou on veut aller.
J’entends souvent les gens me dire : « j’arrive pas à méditer, je ne peux pas me concentrer » ! C’est sûr que si on se fait cette opinion après seulement un ou deux essais avec la croyance qu’on peut « débrancher ses pensées de manière magique en deux secondes, ça risque pas !
Il faut avant tout qu’une méditation soit adaptée à la personne. Les images que je suggère à mes clients sont celles qui leur correspondent, on y va progressivement, on adapte, on ajuste.
Ce qui me nourrit personnellement, c’est lorsque, au bout de quelques séances, à la question : « comment ça va » on me répond : « je me sens mieux, plus zen, plus calme, plus sereine… ». C’est ma plus belle récompense.
Essayer, persévérer, adapter, essayer encore…
Alors essayez, ne vous jugez pas, essayez encore, essayez différemment, trouvez votre propre technique et demandez de l’aide pour vous guider. Vous verrez ça changera votre vie.